Les membres du conseil d’administration de la Fondation et moi-même vous souhaitons nos meilleurs vœux de paix et de bonheur pour la prochaine décennie.
Voici les premiers vœux que René Lévesque écrivait comme chroniqueur le 25 décembre 1966. Depuis septembre, il avait repris la plume dans Dimanche-Matin. Il écrira alors quelque 1400 chroniques dans différents journaux jusqu’en 1976. Profondément pacifiste, dans cet extrait de sa longue chronique, il pense aux victimes de la guerre du Vietnam qui faisait rage à ce moment-là. Ayons comme lui une pensée pour toutes les personnes qui subissent les brutalités et les violences militaires.
Christian O’Leary
Directeur général
C’est Noël, Paix sur la terre…
René Lévesque
Dimanche-Matin
25 décembre 1966Les enfants déballent leurs étrennes. Attendris et somnolents, les parents achèvent en les regardant de digérer le réveillon. Un peu partout, pauvre, moyen ou somptueux, c’est un climat qui ressemble au bonheur. Chose certaine, c’est le jour de l’année où il y a derrière les volets le plus de bonnes consciences. On a donné quelque chose, si peu que ce soit, à la guignolée ou à la Saint-Vincent-de-Paul, au facteur ou à la vendeuse. On a donné à tout le moins d’innombrables poignées de mains. On a envoyé des cartes.
Est-il de mauvais goût de se rappeler qu’il y a deux jours seulement les dépêches nous parlaient de la plus effrayante des barbaries? Celle qui sévit au Vietnam, sur cette même terre des hommes. Celle qui est soumise, au prix d’une dégradation peut-être incurable de leur âme nationale, par nos voisins les États-Unis. Et dont nous, citoyens d’un triste satellite, sommes depuis dix ans les complices et même – grâce aux miettes d’un gigantesque effort de guerre qui nous font de plantureux contrats – les parasites.