Jacques Fournier était alors élève au collège Sainte-Marie, rédacteur au journal scolaire Le Sainte-Marie et président de la Presse Étudiante Nationale. À la suite d’une conférence donnée au collège, René Lévesque avait rencontré la rédaction du journal, mais avait plus ou moins apprécié le compte rendu publié.
Montréal, le 18 décembre ‘66
Cher monsieur Fournier,
Merci pour votre lettre du 11 décembre.
L’autre jour, quand j’ai rencontré M. André Lemelin, je m’attendais à vous voir aussi, mais vous étiez pris ailleurs, apparemment. Si vous aviez été là, je vous aurais dit la même chose qu’à M. Lemelin, qui vous l’a sans doute fait savoir : 1e que, au sujet de l’indépendance, je ne nie pas les propos que vous rapportez, je les ai tenus… et les répéterais, puisque j’y crois – MAIS, tout aussi sûrement, je maintiens que votre crayon (ou votre attention) a flanché lorsque j’ai «qualifié» la forme d’indépendance que j’avais à l’esprit (et ça très précisément, c’est venu au moment où nous discutions du R.I.N., Bourgault et Cie); – 2e c’est sans doute de ma faute, mais j’étais sûr de vous avoir demandé de considérer comme «off the record» tout ce qui touchait aux tiraillements (ou «croulements») du parti libéral. J’ai dû être trop peu clair sur ce point. Ça m’apprendra…
Quant à moi, ça ne vaut pas la peine de re-déterrer cette histoire. Je me contente de noter vos dernières lignes sur votre attitude et celle de la PEN, en les reliant à votre début où vous nous voyez sur le même front. D’accord. Je crois que c’est vrai et, quant à moi, ça me suffit. Espérons qu’on pourra s’en reparler un jour.
Votre dévoué,
René Lévesque