Nous sommes des Québécois. Ce que cela veut dire d’abord et avant tout, et au besoin exclusivement, c’est que nous sommes attachés à ce seul coin du monde où nous puissions être pleinement nous-mêmes, ce Québec qui, nous le sentons bien, est le seul endroit où il nous soit possible d’être vraiment chez nous.
Option Québec, 1968
Je suis nationaliste […] si cela veut dire être pour soi, férocement pour soi- ou contre quelque chose, contre une situation de fait. Mais jamais contre quelqu’un. Le nationalisme qui veut dire racisme ou fascisme, c’est vomissant.
Attendez que je me rappelle, 1986
Ces Québécois dont on prétendait en effet qu’ils étaient trop repliés sur eux-mêmes, trop systématiquement isolés par le régime et leurs élites pour se préoccuper du reste du monde, on les découvrait au contraire curieux comme des belettes, non seulement ouverts à autrui, mais singulièrement capables de se mettre dans sa peau. À condition que cet autre soit présenté simplement comme un semblable, ce qu’il est effectivement derrière le masque des différences et des inégalités. M’efforçant de familiariser les gens d’ici avec ceux d’ailleurs, j’en venais à établir des comparaisons qui m’étonnaient et me ravissaient à la fois. De société plus accueillante, plus spontanément fraternelle, plus prête à partager ses peines comme sa joie de vivre, je n’en avais rencontrée nulle part.
Attendez que je me rappelle, 1986
Le développement économique du Québec doit être conçu et ordonné par le gouvernement de façon à permettre au peuple de la province de participer à titre d’actionnaire et non simplement à titre d’employé.
Le Magazine Maclean, décembre 1961
Notre caractère distinctif ne nous rend pas aveugles aux nombreuses autres différences, régionales, provinciales et même culturelles qui existent au Canada anglais. Nous savons que la Saskatchewan n’est pas le Nouveau-Brunswick. Nous savons que les provinces de l’Ouest aussi ont des griefs légitimes envers Ottawa. Nous savons que les Maritimes n’ont pas été bien traitées. Que, incroyable mais vrai, même l’Ontario est un peu inquiet ces jours-ci. À vrai dire, non seulement savons-nous tout cela, et ne prétendons pas que nos griefs sont supérieurs à ceux des autres, mais je pense souvent que si tant de problèmes restent sans solutions à gauche et à droite, c’est d’abord à cause de la prédominance presque obsessionnelle, surtout en paroles et jamais sous forme de véritables décisions, donnée au problème québécois.
Empire Club, Toronto, janvier 1980
Les multinationales doivent suivre les lois et les règlements des pays où elles s’installent. Elles doivent être sanctionnées si, à l’occasion, elles prennent une emprise exorbitante et contribuent à alimenter une corruption trop rependue dans le monde politique et administratif occidental.
La passion du Québec, 1978
Être réaliste, c’est parfois sacrant, mais c’est plus efficace que de prôner de nobles idées irréalisables.
Le Devoir, avril 1966