Date : 25 avril 2014 à 13 h 30
Conférencier : ERIC PINEAULT, professeur, département de sociologie, UQAM
Titre de la conférence : Les programmes de sortie des crises de 1979 et 1982 et autres programmes innovants
Résumé de la conférence : La récession du début des années 1980 est venue mettre un terme à la « drôle de crise » dès 1970. Une période d’incertitude économique où cohabitèrent stagnation relative de la croissance et progression de l’inflation. Outre les chocs pétroliers, deux autres phénomènes caractérisent cette décennie, une grande déstabilisation du régime monétaire international sur fond de dérèglementation progressive de l’économie financière et une intensification du militantisme salarial dans les secteurs public et privé avec une nette progression des conflits de travail. En arrière-plan de ces phénomènes se profilait par ailleurs un ralentissement significatif des gains de productivité dans la plupart des économies avancées par rapport aux deux décennies précédentes (1945 à 1965) et une contestation de l’hégémonie de l’économie américaine avec l’émergence des nouveaux pôles d’accumulation en Asie (Japon) et en Europe (Allemagne). L’idée d’une double crise, « crise du fordisme » et de crise de « l’État-providence », s’est imposée comme trame narrative pour comprendre cette décennie qui culmine dans la récession de 1980-1982. La réaction à cette crise, par des politiques monétaires, économiques et du droit du travail inédites – qualifiées depuis de « néolibérales » – a marqué profondément la formation de nouveaux régimes d’économie politique « post-fordistes ». De plus, les deux années de récession eurent un impact décisif sur la structure industrielle des économies avancées, dont l’économie québécoise. Ce fut le début de la grande restructuration et du déclin du secteur manufacturier. Le Québec n’échappa pas à cette conjoncture, le deuxième gouvernement Lévesque fut confronté à la drôle de crise et surtout à la récession de 1980 qui en suivit. La réaction à la crise au Québec a été profondément marquée par une politique monétaire sur laquelle le gouvernement provincial n’avait pas d’emprise. Par contre, le gouvernement provincial pouvait et agit en matière de droit du travail, de politique budgétaire et industrielle à partir d’une perspective qui s’identifiait à la social-démocratie. En fait, c’est dans la réponse à cette crise qu’émergèrent les fondements du « modèle québécois » de développement. Nous voulons revenir sur ce contexte qu’était la drôle de crise des années 1970 et la façon dont s’est présentée la récession de 1980 au Québec afin d’éclairer les politiques économiques du PQ en réaction à cette conjoncture et leur contribution à la trajectoire particulière du Québec dans ce qui, depuis, a été nommé l’ère du néolibéralisme.
Notes biographiques :
Eric Pineault est professeur au département de sociologie de l’UQAM où il enseigne l’économie politique et la sociologie économique. Ses recherches en économie politique portent sur la financiarisation du capitalisme avancé, l’économie politique de la transition écologique et l’analyse des conjonctures d’économie politique au Québec et au Canada. Il est l’auteur de plusieurs articles et notes de recherche sur ces questions. Il collabore régulièrement aux recherches de l’Institut de recherches et d’information socio-économique, et intervient régulièrement à l’émission Médium Large de Radio-Canada.