Date : 25 avril 2014 à 15 h 15
Titre de la table ronde : Bilan de l’action économique de René Lévesque et éclairage sur les enjeux actuels
PIERRE FORTIN, professeur émérite, département des sciences économiques, UQAM
Résumé : Comme dans tout ce à quoi il touchait, la relation de René Lévesque avec les enjeux économiques était beaucoup plus scandinave que française, c’est-à-dire beaucoup plus pragmatique qu’idéologique. Je vais tenter de dégager les lignes de force de son approche dans trois dossiers précis où j’ai eu l’incroyable chance d’interagir avec lui : le libre-échange avec les États-Unis, la fiscalité et la sécurité du revenu, et les relations de travail dans le secteur public. Il est permis d’en déduire où il se situerait face à plusieurs enjeux actuels : l’équilibre à assurer entre liberté-responsabilité et solidarité-partage, entre croissance et environnement, entre public et privé, et entre identité locale et conscience internationale.
Notes biographiques : Pierre Fortin est professeur émérite de sciences économiques à l’UQAM et membre de la Société royale du Canada. Ses publications ont principalement porté sur les fluctuations économiques, la croissance, l’emploi et la politique économique et sociale. Il a été lauréat du Prix commémoratif Douglas Purvis, attribué annuellement à l’auteur du meilleur livre ou article publié dans le domaine de la politique économique au Canada. Il a été président de la Société canadienne-française de science économique (SCSE) et de la Canadian Economics Association (CEA). Il a été le conseiller économique du premier ministre du Québec René Lévesque en 1984-1985. En 1995, il a été désigné comme l’économiste québécois le plus éminent par vote des membres de l’Association des économistes québécois (ASDEQ). À titre de chroniqueur en économie du magazine L’actualité, il a obtenu trois fois la médaille d’or du National Magazine Awards Foundation (en 2004, 2008 et 2012), attribuée à l’auteur de la meilleure chronique régulière publiée dans un magazine au Canada. En 2011, il a été fait membre de l’Académie des Grands Montréalais, secteur scientifique.
Il détient un baccalauréat ès arts en humanités classiques de l’Université Laval, une maîtrise en mathématiques de l’Université de Montréal et un doctorat en économie de l’Université de Californie à Berkeley. Il est marié à Michèle Fortin, présidente-directrice générale de Télé-Québec. Ils ont cinq enfants.
RITA DIONNE-MARSOLAIS, économiste, conférencière et administratrice
Résumé : Accroître ou dilapider le patrimoine de René Lévesque ? Dans la mouvance de l’économie du Québec face aux pressions d’une mondialisation économique où chacun devient plus ou moins apatride, qui se souvient des enjeux du développement des ressources naturelles du Québec du 20ième siècle? Qui se souvient des priorités ayant guidé les décisions en matière de ressources naturelles? Et pourtant la mise en valeur des ressources naturelles du Québec d’aujourd’hui devrait-elle différer de la voie retenue par René Lévesque? Les critères de la propriété des ressources et de la récupération des profits issus de leur mise en valeur sont toujours de mise. Les besoins des Québécois et leurs capacités ont évolué au même rythme que les pays du monde industrialisé. Les priorités qui devraient nous inspirer pour l’avenir de la mise en valeur de nos ressources naturelles doivent progresser dans le même sens et ce sans trop de raccourci. Cela peut-il se faire dans le contexte mondial du 21e siècle?
Notes biographiques : Rita Dionne-Marsolais est économiste. Elle a représenté la circonscription de Rosemont à l’Assemblée nationale du Québec, de 1994 à 2008. Durant cette période, elle a assumé plusieurs portefeuilles ministériels, dont ceux du Tourisme, du Revenu, de l’Énergie et de l’Industrie et du commerce. Elle a aussi été présidente de la Commission de l’administration publique et vice-présidente de la Commission des institutions. Ne s’étant pas présentée en politique en 2008, elle siège aujourd’hui au conseil d’administration de la Caisse de Dépôt et Placement du Québec ainsi qu’à celui de la société privée Optimum Réassurance Inc..
Avant d’entrer en politique, Mme Dionne-Marsolais a mené une carrière de 25 ans à la fois dans les milieux d’affaires montréalais, canadiens et internationaux. Elle a débuté sa carrière de 1970 à 1979 à Hydro Québec. Par la suite elle a notamment été vice-présidente au développement à la Société générale de financement du Québec (1979-1982), Déléguée Générale du Québec à New York (1984-1987), présidente de la société Les consultants NUNC Inc. (1987-1992) et directrice principale, Services-conseils chez Pricewaterhouse, à Montréal (1992-2004). Elle a également siégé à plusieurs conseils d’administration durant ces années.
Mme Dionne-Marsolais est titulaire d’un baccalauréat ès arts (1967), d’un baccalauréat ès sciences économiques (1970) et d’une maîtrise en économétrie de l’Université de Montréal (1971).
PIERRE PAQUETTE, professeur d’économie au Collège Maisonneuve et ancien député du Bloc Québécois
Résumé : En 1991, l’UQAM organisait, dans le cadre sa série sur les leaders politiques du Québec contemporain, un colloque sur René Lévesque. Même si son action au plan économique n’était pas un sujet identifié, il est quand même possible de tracer un portrait de l’évaluation faite par les intervenants lors de cet événement. Quelle était cette évaluation, quatre ans après sa disparition? Comment diffère-t-elle de l’appréciation qui est faite aujourd’hui? Voilà les questions auxquelles je tenterai de répondre dans cette présentation.
Notes biographiques : Né en 1955 à Sorel, Pierre A. Paquette est diplômé de sciences économiques à l’Université de Montréal (B.SC., M. SC.). Professeur d’économie au Collège Maisonneuve, là même où il commença sa carrière de 1978 à 1985 avant d’être président du Conseil Central de Montréal de 1985 à 1989. Premier vice-président du Bloc Québécois en 1999 et animateur de Droit de parole à Télé-Québec en 1998, il fut pendant 8 ans secrétaire général de la CSN de 1990 à 1998. Leader parlementaire du Bloc Québécois, il fut élu député de Joliette de 2000 à 2011.
Ses engagements communautaires sont nombreux : membre du conseil d’administration des Éditions Vie Économique, participation aux travaux des comités de relance de l’économie et de l’emploi de l’Est de l’île de Montréal et du Sud-Ouest de Montréal, membre du conseil d’administration de Centraide du Grand Montréal, du conseil d’administration de la radio communautaire francophone de Montréal CIBL, du Conseil économique du Canada, du conseil d’administration OXFAM Québec, du conseil d’administration FONDACTION.
Auteur, entre autres, de Un Québec pour l’emploi (Prix Richard-Arès 1995), de Pour la prospérité et la justice sociale: La souveraineté du Québec (2010), il a également participé à la rédaction de l’ouvrage L’indépendance, maintenant! du Collectif des Intellectuels pour la souveraineté.
MARIO POLÈSE, professeur, Centre-Urbanisation, Culture, Société, INRS
Résumé : La malédiction des ressources, revue et corrigée : Leçons pour le Québec. Une littérature abondante s’est accumulée depuis quelques années sur ce qu’il convient d’appeler la malédiction des ressources (ressource curse en anglais). En bref, pour un pays ou région, une riche dotation en ressources naturelles serait un couteau à double-tranchant. Les ressources naturelles sont source de richesse et de croissance économique, mais peuvent aussi produire des effets contraires. L’argent « trop facilement gagné », ce que les économistes appellent une « rente», grâce à une dotation particulièrement riche en ressources (pétrole, minerais, ou autre ressource) peut se transformer en frein à l’innovation avec des conséquences pour la compétitivité de l’économie nationale (ou régionale). En parallèle, les hausses de prix (salaires, coûts de la vie…) occasionnés par un boom des ressources peuvent chasser d’autres industries, créer des freins à la diversification des économies locales. Les « rentes» tirées des ressources peuvent aussi dérégler les finances publiques.
Comment, à la lumière de cette contradiction, voir l’évolution de l’économie québécoise et, plus particulièrement, celle des régions-ressources du Québec? Avec le recul de cinquante ans, quel jugement porter sur la nationalisation de l’hydro-électricité et le rêve d’un développement porté par nos vastes ressources? L’analyse des données, nous le verrons, ne nous autorise pas à parler de «malédiction », mais ne nous invite pas moins à la prudence à l’égard des stratégies de développement économique axées sur l’exploitation des ressources naturelles.
Notes biographiques : Mario Polèse est professeur à l’INRS, Centre-Urbanisation Culture Société à Montréal, membre-fondateur du LASER (Laboratoire d’analyse spatiale et d’économie régionale : http://laser.ucs.inrs.ca), et titulaire de la chaire de recherche senior du Canada en Études urbaines et régionales. Il est l’auteur et coauteur de nombreux ouvrages portant sur le développement urbain et régional, dont le manuel universitaire Économie urbaine et régionale (3ième édition. Economica, Paris, 2009). D’autres ouvrages sont : The Wealth and Poverty of Regions (U. of Chicago Press, 2009); Connecting Cities with Macroeconomic Concerns (Banque mondiale, 2003); La périphérie face à l’économie du savoir (INRS, Montréal, 2002).
Mario Polèse agit régulièrement comme conseiller auprès des gouvernements municipaux, québécois, fédéral et des agences internationales. Il a occupé des postes de recherche et d’enseignement en France, Suisse, Espagne et en Amérique latine.