«Préface» signée René Lévesque dans Jean-Pierre Charbonneau et Gilbert Paquette, L’option, Montréal : Éditions de l’Homme, 1978, p. 9-10.
Sur le plan politique autant que professionnel, les coauteurs de cet ouvrage constituent la preuve vivante d’une vérité paradoxale, à savoir que plus on est occupé et plus on s’occupe! L’un et l’autre, à des carrières jeunes mais déjà remarquablement fécondes de journaliste et de pédagogue et, dans chaque cas, d’écrivain, ajoutent depuis 1976 une assiduité exemplaire à l’Assemblée nationale complétée par un rôle des plus actifs dans leurs «caucus» régionaux respectifs.
Et maintenant ce livre.
Un livre qui, en ce dixième anniversaire de la fondation, montre bien que le Parti québécois n’a rien perdu de sa vitalité productive.
A un moment stratégique, alors que va s’activer comme jamais le débat national sur l’avenir du Québec, on y trouvera une double synthèse, impressionnante par son ampleur autant que sa rigueur: celle d’abord de nos aspirations et des obstacles qu’elles rencontrent; puis celle également des millions d’heures de réflexion et de travail de milliers de militants qui ont mis au point la seule option politique qui puisse nous assurer à la fois la sécurité et la pleine liberté collectives.
Au long de cette décennie aussi riche qu’exigeante, individuellement, en groupes, ou encore, tous ensemble à l’occasion de nos congrès, nous avons publié plus de choses qu’aucune autre formation politique de l’histoire du Québec: manifestes, versions successives de notre programme, livres, brochures, innombrables articles. Exceptionnelle fécondité qui n’est sûrement pas sans rapport avec le fait que le Parti québécois est aussi celui qui, plus que tout autre, s’est efforcé de vivre à plein la démocratie interne et son fourmillement d’idées que, seule, la discipline de l’action a le droit de canaliser.
De tout ce cheminement fécond, de toutes les avenues qu’il nous a ouvertes, des divers horizons qu’il lui reste à explorer et des questions qui se posent, nos amis Paquette et Charbonneau ont tiré une somme pas mal extraordinaire, qui se double d’une analyse serrée et rationnelle du connu et des éventualités les plus logiques.
Aux membres de notre parti, cela permettra de faire le point, en effectuant aussi bien un «retour aux sources» qu’une excellente prospective pour la suite.
Quant aux autres lecteurs, ils y trouveront, du moins faut-il l’espérer, une contribution étonnamment sereine, à la réflexion qu’il leur faudra s’imposer avant l’heure du choix qui sonnera bientôt.
Ce sont non pas deux partisans butés, mais deux Québécois à l’esprit ouvert et chaleureux qu’on rencontre dans ces pages. Deux hommes dont l’«approche», tout en étant nourrie de conviction inébranlable, sait demeurer tolérante et fraternelle.
Je leur souhaite non seulement beaucoup de lecteurs, mais également, sur ce dernier point, beaucoup d’imitateurs!
René Lévesque