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Tiré de Stefanescu, Alexandre (dir.), René Lévesque: mythes et réalités, Montréal : VLB Éditeur, 2008, 249 p.
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Par Jean-Jacques Simard*
Du charisme
Il y a de ces personnalités dont la « réalité » historique – l’action, l’infuence et les traces effectives sur la suite du monde – a opéré d’abord dans l’ordre symbolique, tient au fait d’avoir toujours été investi des « mythes » collectifs, tant de leur vivant qu’après leur mort. En l’occurrence, départager le personnage mythique de la personne réelle devient une poursuite inassouvissable, presque vaine.
Max Weber, on s’en souvient, a qualifié de charisme ce je-ne-sais-quoi plus affectif que rationnel qui, dans les sociétés de masse, confère à certains individus, aux yeux d’un peu tout le monde en certaines circonstances, le « charme », le « don », la « grâce » singulière, exceptionnelle, exemplaire, d’incarner le meilleur (plus souvent), ou le pire (parfois) de l’imaginaire commun – selon le point de vue –, et paradoxalement, pour les mêmes raisons. On pensera, sans plus creuser derrière et dans le seul domaine politique, à un de Gaulle, une Indira Gandhi ou – vous me voyez venir – à un certain René Lévesque (si on ose comparer nos petites choses avec les grandes, se serait-il empressé d’ajouter lui-même)1.
Comme je n’ai jamais connu Lévesque que par sa présence publique, c’est-à-dire par les médias ou les lectures (à son sujet ou de sa propre plume), j’ai eu de la misère à explorer la question qu’on m’a donnée : était-il vraiment social-démocrate ? Ce qui en appelle une autre, connexe : était-il vraiment indépendantiste ? Le hic, c’est que ces cas d’espèce sont difficiles à caser dans les pigeonniers idéologiques convenus, du fait même qu’ils sont si peu banals que si nous les prenons en référence (positivement ou négativement, qu’importe), c’est comme autant d’hôtes d’une proverbiale auberge espagnole, en y trouvant surtout ce qu’on y amène.
Alors, pour faire le tour de la question au lieu de l’affronter franchement, j’ai essayé de saisir Lévesque de l’intérieur, de voir comment il se « figurait » lui-même le monde comme auraient dit mes parents de la campagne, et me suis rendu compte, sans être trop sûr de mon coup, que son « mythe » l’avait parfois attendu là où il ne se trouvait pas « réellement » – une tautologie, au fond, sachant que ce qui distingue l’élu charismatique c’est précisément d’être pris partiellement pour un autre par les autres.
Si, contrairement au Capitaine Bonhomme, René Lévesque n’a jamais « confondu les sceptiques », c’est parce qu’il l’était trop lui-même à l’égard de bien des choses et parce qu’il ne fut jamais un capitaine au long cours, maître après Dieu dans son navire national, mais un plus modeste pilote du Saint-Laurent, un pédagogue infatigable des « points de mire » communs, reprenant sans cesse le même trajet pour en faire un projet.
Et pour essayer de le faire voir, je décortiquerai en trois couches ce que j’ai cru comprendre de ses orientations idéologiques, des fondements de sa foi ou de ses engagements, si on veut :
1) Son éthique de la bonne société : un « libéral nationaliste ».
2) Sa conception de la gouverne : un « technodémocrate populiste ».
3) Les assises de son charisme : « l’orgueil des humbles ».
Un libéral nationaliste
Lévesque n’était pas « socialiste » ou « de gauche » au sens européen du terme, imprégné d’une profonde tradition anticapitaliste, travailliste, étatiste, collectiviste, mais un libéral à l’américaine, un progressiste dans la ligne des Roosevelt2, Stevenson, Kennedy, Johnson (celui des civil rights). C’est-à-dire foncièrement individualiste en ce que si l’injustice, l’impuissance, l’humiliation, l’ignorance socialement incrustées lui répugnaient, c’est parce qu’elles emmurent les individus dans des horizons bloqués, biaisent systématiquement les règles du jeu, n’accordent pas à tout un chacun, chacune (car Lévesque était un macho féministe3), des chances égales de se tailler une place4. Pire encore, à la longue, ces situations sont intériorisées et se reproduisent dans des attitudes de résignation, de manque de confiance en soi, de crainte d’agir, d’assumer son propre destin, de se faire maître de soi et chez soi, au singulier ou au pluriel. Sur le chemin de l’émancipation, insistera-t-il d’ailleurs, ce sont toujours les « étapes psychologiques » qui sont « les plus malaisées » à franchir5.
Or, au Québec du mitan du xxe siècle où il a grandi, ces archaïques misères tendaient à prendre localement une couleur collective particulière : celle de la condition « minoritaire » des Canadiens français dans la province même où ils étaient majoritaires. Il y avait là un état de fait historiquement compréhensible, certes, mais devenu d’autant moins excusable qu’il était entretenu localement par une collusion plus ou moins occulte de la veulerie, de la gabegie et des pouvoirs établis (incarnée dans l’exécrable figure de Duplessis, ses racolages des évêques et sa caisse électorale remplie par les grandes compagnies et les petits parasites), pour manipuler le citoyen au détriment d’une gouverne lucide, solidaire, responsable et équitable des affaires de tout le monde, afin d’égaliser les chances, justement. Et chez ceux qu’il a toujours appelés « nos amis canadiens » – sans la moindre ironie ni le moindre ressentiment, je crois –, on s’en fichait largement, comme il le confirmera lors de la grève des réalisateurs de la télévision française de Radio-Canada, en 1957, à moins que, pour un ultime quarteron d’archaïques « Rhodésiens » de Montréal, selon son expression, ça ne fît leur affaire. Il faudrait donc s’occuper tout seuls, entre nous autres, de nos propres affaires.
Qui ça, « nous », et de quelles affaires au juste ?
Pour commencer, ce « petit peuple de cinq millions de gens que nous formons, nous autres, les Canadiens français ou les Québécois6», que Lévesque a toujours considéré comme allant de soi, avant que ça ne se complique. S’il avait lu Lionel Groulx au collège, en en retenant surtout quelques motifs de ténacité historique, ses fidélités étaient toutefois plus sociopolitiques qu’ethnoculturelles. Très peu pour lui les « appels de la race », la fusion viscérale du soi dans le Nous et le lyrisme de la mémoire7 ; sa solidarité nationale était plus proche de celle d’Ernest Renan : une volonté de continuer à vivre ensemble reposant sur « un plébiscite de chaque instant » et non, comme chantait Esdras Minville, à l’écoute des « voix qui montent des tombeaux ».
Quant à « nos affaires », c’étaient celles du Québec en entier – de «chez nous », quoi. Elles embrassaient donc la Confédération canadienne, ce vieux malentendu enveloppant une impuissance où chaque « associé » empêchait désormais l’autre de se réaliser à sa manière, « comme deux scorpions dans la même bouteille » (à moins que… le « beau risque »… si les Québécois craignaient de déchirer l’histoire trop brutalement… en attendant « la prochaine fois »). Et elles impliquaient tout aussi naturellement « nos concitoyens anglophones », qu’il ne fallait pas bousculer par esprit revanchard (« l’injustice en réponse à l’injustice »), tout comme elles englobaient les néo-Québécois de plus ou moins longue date, ceux de la circonscription de Laurier par exemple, où, après avoir quitté le Parti libéral, Lévesque tentera obstinément deux fois de se faire réélire contre tous les sondages ; ou ceux qu’un Gérald Godin savait si aisément rejoindre dans sa propre circonscription de Mercier qu’il se méritera l’admiration d’un patron pourtant méfiant envers les anciens gauchistes (mais pas les poètes, qu’il voyait comme des éclaireurs).
Le petit homme de New Carlisle qui avait abandonné ses études universitaires pour s’engager dans l’armée américaine en pleine guerre mondiale – parce que l’uniforme impressionnait les filles, confiera-t-il à la blague, parce qu’il se voyait mal rabattu au statut de Frog de service dans les troupes du Dominion, et plus fondamentalement, question de se mêler aux horreurs du temps et d’en rapporter des nouvelles –, en est revenu plutôt chatouilleux sur le trait d’union « national-socialisme », comme on sait. S’il est toujours resté malgré tout nationaliste et étatiste à ses heures, c’est moins par engagement doctrinaire ou élan du cœur que par nécessité, du simple fait que les réalités sociohistoriques ambiantes l’imposaient : il fallait bien mobiliser l’État, cette « prothèse », pour réarmer systématiquement une communauté de destin aussi systématiquement affaiblie et inversement, rallier la nation derrière l’État, le temps de lever les pires pesanteurs historiques empêchant encore le Québec de mettre le présent à sa main et de construire ici une « société normale », le moindrement « civilisée », « en bonne santé », dans les termes qu’il affectionnait8.
Un technodémocrate populiste
Aussi me semble-t-il que l’inclination naturelle de cet « homme de pouvoir », pressé d’avoir les moyens de gouverner (l’opposition officielle n’était pas son genre), en faisait-elle d’abord un technodémocrate populiste. Politicien réputé brouillon, « intuitif », de « bon sens », « passionné », « brusque et maladroit », « près du terrain9 », grand lecteur cultivé, mais en amateur omnivore, Lévesque ne fondait certes pas sa propre légitimité sur la compétence patentée, technocratique au sens habituel, mais n’en faisait pas moins confiance à the best and the brightest (comme s’en glorifiait l’administration de John Kennedy), dépouillait minutieusement les dossiers techniques les plus arides – qu’il pouvait ramener à l’essentiel mieux que n’importe qui –, et tenait à des programmes d’action réalisables, rationnellement étoffés, cohérents, appuyés sur une documentation probante et des arguments « à tête froide10 ». Remis dans son style : ça n’a pas de maudit bon sens, ces vieux réflexes dépassés, ces combines à la va comme je te pousse, ces arrangements de broche à foin, ces gaspillages et ces chicanes interminables, donnez-moi des chiffres, des études solides, des méthodes éprouvées ailleurs, faut régler ça, bout de bonyeu – mais rêvons pas en couleur, faut que ça marche et pour cela, faut que le monde embarque! Allez vendre votre projet aux citoyens, exigeait-il de ses ministres un peu trop bardés de diplômes.
Aussi le « démo » l’emportait-il en définitive sur le « techno » chez ce journaliste dans l’âme prêt à tout parier sur l’intelligence et la rationalité des citoyens, sur une délibération pu blique disciplinée, informée11, garantie par la transparence et l’intégrité du processus politique12 : le financement populaire des partis, l’élimination du patronage dans la fonction et les contrats publics, la révision indépendante de la carte électorale, l’accès aux documents des organismes gouvernementaux (et idéalement, la représentation proportionnelle, mais le bon Dieu politique ne l’aura pas voulu), bref, ces aménagements à long terme de la démocratie déléguée dont il tirerait davantage fierté que de toutes ses autres contributions majeures – même la refondation d’Hydro-Québec ou sa « modeste » part dans la transformation du nationalisme d’ici de canadien-français (diasporique, ethnique, défensif) à québécois (territorial, sociétal, affirmatif), et d’autres détails qu’on oublie souvent où son impulsion fut pourtant visionnaire, essentielle et durable, comme, entre autres, l’amorce d’une réforme des affaires sociosanitaires qui boufferont bientôt les deux tiers du budget provincial13, l’institution d’un Régime des rentes proprement québécois et par ricochet, de ce désormais redoutable gorille « national » jouant dans les grandes ligues du capitalisme financier, la Caisse de dépôt et placement.
L’orgueil des humbles
Mais ce n’est pas d’abord sur ses idées que reposait la grâce singulière de Lévesque. Si tant de gens ont cru en lui, c’est parce qu’il leur ressemblait authentiquement. Il avait attrapé de naissance l’orgueil des humbles, celui de se tirer d’affaire sans se plaindre de personne ni devoir rien à personne, d’assumer ses responsabilités et d’honorer sa parole. Lorsqu’il voit dans l’Américain moyen « le plus sympathique étranger qu’on puisse connaître, celui en qui on se reconnaît soi-même plus qu’en tout autre », le soi-même qu’il reconnaît dans cette « démocratie de gens simples et frustes », c’est celui qui sait « travailler sans demander la lune », animé par « la conviction d’être aussi bon que le voisin14 ».
Encore que, fils d’un notable canadien-français de province15, mais qui en menait moins large que les « Anglais » de la place et est mort « raide pauvre », quand même, il savait bien que c’était encore plus dur pour les gens moins choyés que lui par le sort, dont il se sentirait toujours proche, et qui le lui rendraient de tout cœur en lui donnant sans gêne du « René » en pleine face (alors qu’il vouvoyait tout le monde), jusqu’à se faire photographier plus tard le bras sur l’épaule de sa statue de bronze après lui avoir mis une cigarette à la main. S’il avait un respect sacré pour l’instruction, l’expertise, le talent, la droiture et l’effort rigoureux dans tous les domaines, les puissants sans mérite et les belles âmes satisfaites – les establishments de toute espèce, dans son vocabulaire bilingue – lui tapaient passablement sur les nerfs. De là son « préjugé favorable » envers les simples travailleurs, les gens mal pris, les Autochtones (un peu paternaliste, dans ce cas), et leurs associations volontaires, syndicales ou coopératives, absolument essentielles à « une société équilibrée », comme il disait ; d’où aussi sa déception de voir en temps de crise les syndicats du secteur public réagir à leur tour en establishments corporatistes, au détriment d’une solidarité étendue à un plus large bien commun.
J’ai l’impression que Lévesque ne connaissait personnellement ni la honte, ni la peur, ni la gloire (qui ne sont pas les mêmes choses que la gêne, la prudence ou la bonne réputation), ni par conséquent l’hypocrisie, la facticité auxquelles elles réduisent le commun des mortels. Et qu’à cela tiennent son charisme populaire, sa vertu spéciale, son durable « mythe » encore plus qu’à son immense talent de communicateur. Lorsqu’il disait « à mon humble avis », c’était pour avertir tout le monde qu’au besoin, il mettrait le poing sur la table, assez fort parfois pour casser la plaque de verre qui la recouvrait. Que la table soit celle des « enfants de chienne » de la Shawinigan Power (pardonnez-moi l’expression, mais je cite), celle du Canada de Pierre « Sirius » Trudeau, ou celle que prétendaient dresser au nom du peuple, sans se donner la peine de le convoquer ni de l’attendre, les soi-disant avant-gardes de la société idéale ou de la libération nationale, y compris dans le parti qu’il avait fondé. Certains y ont vu un penchant autoritaire – personne qui n’ait travaillé de près avec lui, cependant, à ce que j’ai pu lire. « Si j’ai bien compris », son attitude était plutôt celle-ci : l’autorité est sur la table, avec la responsabilité qui s’ensuit ; les deux vont de pair ; si vous ne les prenez pas ensemble, je m’en charge. Et en démocratie libérale, le fondement de l’autorité légitime est l’aval du peuple citoyen, ou plus simplement, des électeurs. Il faut mériter sans cesse son élection (dans tous les sens du terme) pour avoir le pouvoir d’agir.
Jacques Ferron disait de Faulkner qu’il rejoignait l’universel parce qu’il était d’abord « l’écrivain d’un comté ». Lévesque considérait que le plus beau titre, en politique, était celui de « député d’un comté ». Cette image lui allait bien d’ailleurs, à cette nuance près que son comté à lui embrassait le Québec tout entier. En ce sens, plus strictement étymologique qu’idéologique, René Lévesque aura toujours été, à sa manière, un sincère social-démocrate souverainiste.
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* Après avoir été fonctionnaire à la Direction générale du Nouveau-Québec, Jean-Jacques Simard est devenu professeur de sociologie à L’Université Laval en 1976. Il a publié plusieurs ouvrages, dont La réduction. L’Autochtone inventé et les Amérindiens d’aujourd’hui (Sillery, Septentrion, 2003), prix du Gouverneur général en 2004.
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1. On pourrait évoquer un autre exemple, Pierre Elliott Trudeau, mais ce n’est pas le bon endroit ici.
2. Franklin, sa coalition « faite de minorités, de cols bleus et de pauvres », ses causeries radiophoniques, son fameux nothing to fear but fear itself (René Lévesque, Attendez que je me rappelle, Montréal, Québec Amérique, 1986, p. 164); mais aussi Eleanor et son indéfectible empathie avec les plus modestes ou démunis, me soulignera un ex-membre du cabinet du premier ministre.
3. Incorrigible séducteur à l’ancienne, convaincu que la différence entre les hommes et les femmes enrichissait naturellement l’expérience humaine, il admettait d’autant moins que des entraves socio-historiques empêchent les femmes en général (catégoriquement), de se réaliser en détail (individuellement). Pour n’en retenir qu’un exemple tardif : dès 1985, il imaginait un régime universel de garderies subventionnées – pas à 7, pas à 5, mais à 2 $ par jour ! (Voir Martine Tremblay, Derrière les portes closes, Montréal, Québec Amérique, 2006).
4. « L’individualisme n’est pas du tout une négation, un refus de l’appartenance. Il en est plutôt la source la plus pure : Je suis moi-même, certes, mais qui est ce “moi” ? De quelles racines il est issu, et combien sommes-nous de “moi” de la même espèce ? […] Et ce sont tous ces individus qui, sans aucunement s’oublier, en se rendant compte tout simplement qu’on a toujours besoin de l’autre, franchiront dès lors ensemble ce pas qui les grandira tous et chacun » (écrit de 1985, reproduit dans Michel Lévesque (dir.), René Lévesque. Textes et entrevues, 1960–1987, Sillery, Presses de l’Université du Québec, avec la collaboration de Rachel Casaubon, préface de Claude Morin, esquisse d’un portrait par Évelyn Dumas, 1991, p. 392). À propos, quand reverra-t-on des politiciens qui raisonnent comme des philosophes que tout le monde peut comprendre (double mystère) ?
5. René Lévesque, Attendez que je me rappelle, Montréal, Québec Amérique, 1986, p. 258.
6. Discours de 1968, reproduit dans Rénald Tremblay (dir.), René Lévesque par lui-même : 1963–1984, Montréal, Guérin Littérature, 1988, p. 256.
7. Il avouera dans ses mémoires que sa phrase « quelque chose comme un grand peuple », au soir des élections de 1976, empruntait, sous le coup d’une émotion partagée avec la salle, des mots qui n’étaient « pas vraiment dans [s]a manière ». Nuance, quand même : pas « nation » (affiliation de naissance) mais « peuple », dans un sens plus politique, plus volontariste. Le terme d’« identité », maintenant à la mode, ne faisait pas partie non plus de son vocabulaire. Il redoutait comme la peste les emballements de l’affectivité collective, qu’elle fasse appel à la nation, à l’ethnicité ou aux classes sociales.
8. « Mais la social-démocratie, est-ce que ça veut dire l’État qui est fourré partout ? J’ai jamais compris que ça voulait dire ça. Il me semble qu’une société en bonne santé, social-démocrate si vous voulez, c’est une société qui respecte au maximum tous les gens qui la composent, qui essaie de leur donner l’égalité des chances et de réparer le mieux possible les injustices du sort » (entrevue de 1984, reprise dans Michel Lévesque, op. cit., p. 353-354).
9. Martine Tremblay, Derrière les portes closes, Montréal, Québec Amérique, 2006.
10. Pierre F. Côté, son chef de cabinet aux Ressources naturelles, à propos de la nationalisation de l’électricité : « Ce n’est pas par patriotisme, par nationalisme ou toute forme de sentiment que monsieur Lévesque a été convaincu du bien-fondé de cette idée. Ce ne fut que lorsqu’on lui a fourni la preuve, dans un document rédigé par […] Michel Bélanger et André Marier, que cela était rentable économiquement qu’il a fait sienne cette idée » (dans Michel Lévesque et Yves Bélanger (dir.), René Lévesque. L’homme, la nation, la de mocratie, Sillery, Presses de l’Université du Québec, avec la collaboration de Richard Desrosiers et Lizette Jalbert, 1992, p. 19).
11. Il avait retenu l’aphorisme « l’information, c’est la liberté », et l’étymologie du terme : « informer, c’est-à-dire former, façonner » (René Lévesque, op. cit., p. 197).
12 « S’il s’agit d’être responsable, de se préoccuper de la forme de contrôle et de la protection du droit des individus, j’ai pour ma part confiance surtout en la démocratie. C’est elle d’abord, selon qu’elle marche bien ou mal, qui assure ou néglige les droits du citoyen, bien plus que les grands patrons, qu’ils soient privés ou publics » (article dans Le Devoir, 1962, repris dans Renald Tremblay, op. cit., p. 166).
13. Lire, au sujet de son bref passage au ministère du « Bien-être et de la Famille », quelqu’un qui s’y connaît, Yves Vaillancourt, dans Michel Lévesque et Yves Bélanger, op. cit., p. 204 et suiv.
14. René Lévesque, op. cit., p. 167.
15. Même lorsqu’il sera devenu premier ministre, sa mère continuera de déplorer qu’il n’ait pas « fini son droit », ce qui lui aurait permis de mieux réussir dans la vie.